Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/388

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çais eût été fermé si le procès avait duré plus longtemps.

Dans la Campagne de 1814, il fit défendre la représentation du tableau parlant, parce qu’on lui rapporta que le public applaudissait l’ariette :


Et vous aviez, pour faire des conquêtes,
Et vous aviez ce que vous n’avez plus.


Je ne puis me refuser au besoin de rapporter une anecdote qui peint d’un trait l’esprit soupçonneux et inquiet de Napoléon, et l’importance qu’il mettait à une représentation théâtrale.

M. Dupaty avait donné à Feydeau une petite pièce en un acte. Cette pièce était passée à la censure sans modification. Dans une scène, deux portiers se prennent de dispute, l’un d’eux provoque l’autre en lui disant : « Sais-tu bien que j’ai servi ? » Son camarade lui répond : « Et moi, je sers encore. » Napoléon crut voir dans ce jeu de mots une insulte à l’armée. Le lendemain, à huit heures, il mande