gnai des pensions à tous : j’en distribuai à la fois pour la somme annuelle de 120,000 francs.
Les artistes célèbres de nos théâtres ne furent pas oubliés : Mlle Dumesnil était réduite au dernier dénuement et gardait le lit depuis un an. Je lui envoyai 2,000 francs et lui assurai une pension de 1,500 francs, dès que je connus son état.
Mlle Arnoult, qui était logée à l’hôtel d’Angevillers, me fit connaître son état de détresse : je la traitai comme Mlle Dumesnil, je lui proposai de donner une représentation de Didon à son bénéfice, à condition qu’elle se montrerait au public en habit de reine de Carthage. Elle accepta, mais elle m’écrivit le lendemain : « qu’elle venait de voir, la veille, la reine de Carthage monter dans son lit, et que si le public l’avait vue comme elle, il en aurait eu pitié. Il faut savoir abdiquer à temps, ajoutait-elle, surtout lorsque, comme moi, on a eu un règne brillant. » — Mlle Clairon jouissait de 4 à 5,000 francs de rente. Cependant elle se trouva un jour dans le besoin ; elle me le confia, et je vins de suite à son secours : elle avait plus de quatre-vingts ans et désirait voir Napoléon avant de mourir. Je la conduisis à la Malmaison. Elle s’était affublée en reine de théâtre et entra dans le salon comme sur la scène. Napoléon l’accueillit bien, causa avec elle, et lui demanda dans le cours de la conversation qui était le héros qu’elle avait le plus