Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/108

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lers, mais d’instruments aveugles de ses volontés. Il avait appris ce qu’il lui paraissait suffisant de connaître en administration, et les hommes qui avaient des opinions personnelles et qui ne voulaient pas sacrifier leur caractère et leurs convictions, comme Chaptal, ne pouvaient plus lui convenir dans le ministère.

D’ailleurs, la séparation s’est faite sans trop grande secousse, et Napoléon s’est hâté de rendre toute sa faveur au ministre démissionnaire. « À partir de ce moment, dit Chaptal, l’Empereur me montra peut-être plus de confiance et me donna plus de preuves d’affection que pendant mon ministère. » Ainsi, « il admettait à ses soirées un petit nombre d’individus, et j’étais de ce nombre. Il aimait beaucoup à parler, surtout à questionner. C’était presque toujours moi dont il s’emparait. Aussi il est peu de personnes qui aient plus d’anecdotes sur son compte et qui l’aient mieux connu dans sa vie privée ».

Quant à Champagny, qui le remplaçait, mon arrière-grand-père n’éprouva jamais de rancune envers lui. Une lettre du nouveau ministre de l’intérieur, datée de Vienne, 13 fructidor an XII[1], et adressée à son prédécesseur, ne laisse aucun doute sur ce point. Une correspondance s’était éta-

  1. Champagny ne prit possession de son poste que trois mois après sa nomination.