Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/310

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

cultés qui lui ont été opposées ; elle n’était point dans l’intention des révolutionnaires. »

Napoléon regardait la part plus ou moins active que chacun a prise à la Révolution comme l’effet d’une fièvre politique qui s’était emparée de toutes les têtes. Il n’y voyait pas plus de mal que dans les actes d’un frénétique, et il pardonnait à tout le monde, excepté à quelques nobles qui, comblés des faveurs de la cour, ont concouru à précipiter le monarque de son trône. Il voyait en cela, ou de l’ingratitude, ou une vile ambition. Il concevait qu’ils avaient pu se laisser aller aux idées révolutionnaires, mais il les blâmait d’avoir persisté lorsque le trône commença à être menacé ; « dès lors, disait-il, leur poste d’honneur n’était ni dans les clubs ni à la Convention ; il était à Coblentz ».

La fièvre révolutionnaire a eu son siège dans le cœur ou dans la tête. Dans le premier cas, elle était produite par l’espoir des vengeances ; celui qui en était atteint immolait son voisin sans pitié. C’était alors une perversion de sen-