Page:Chaptal - Mes souvenirs sur Napoléon.djvu/391

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tirades contre Poliphonte qui se conduit en homme d’honneur envers Mérope ? Pourquoi le faire égorger ? Quels motifs ? Seul, il fait son devoir, les autres sont des assassins. Je ne veux pas, répéta-t-il, qu’on rejoue cette pièce. »

Napoléon marquait souvent son étonnement de ce que nos littérateurs ne produisaient plus aucune pièce d’un grand mérite, et il ne voyait pas qu’il avait tellement rétréci le cercle, qu’il n’y avait plus moyen de donner carrière au talent. Il jugeait tout avec ses passions, et ce n’était point le mérite d’une belle conception, ni le talent d’une saine littérature qui le séduisaient. C’étaient toujours des sentiments analogues aux siens qu’il eût voulu qu’on exprimât. Heureusement, peu de poètes pouvaient se plier à ses goûts.

La rigueur dont Bonaparte donnait l’exemple était encore exagérée par les fonctionnaires qu’il avait préposés à l’examen des ouvrages.

J’ai eu un chef de bureau, au ministère de