Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/126

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bien différent de sa visite. Il ne pouvait encore imaginer une telle suite à sa démarche.

« Nos idées nous isolent, disait-il, non seulement des partisans des vieux partis, mais du peuple. Nous tournons en rond, nous manquons d’air. Nous remâchons une pensée millénaire qu’on a rajeunie trop longtemps, reprise sous toutes ses coutures, qui n’a plus de vie. On nous balayera avec le thomisme et les autres institutions du moyen-âge ».

— En histoire, répondit Carrel, je crois à un certain déterminisme, ou plutôt au plan providentiel. Les hommes s’agitent, mais ils exercent peu d’action sur les événements. Rien ne compromet le cours du destin d’un homme, encore moins celui des nations. Croyez-moi, continua-t-il, nous avons la vérité. Et le thomisme dont vous vous moquez a répondu d’avance à toutes les objections que vous pouvez inventer.

— Des réponses conçues pour le monde d’il y a mille ans.

— Le communisme passera. Politique d’abord, doit rester notre devise. Le peuple nous reviendra. Un jour, nous serons les maîtres. On pourrait à la limite imaginer dans l’avenir la province de Québec associée à la France — les distances ne sont plus un obstacle à