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Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/135

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Resté seul avec Georges, il se métamorphosa complètement. Il attendait, beaucoup de son interlocuteur.

— J’ai besoin de vous, dit-il, non pour moi, mais pour la patrie et pour vous, pour faire de vous le chef incontesté du pays. Je vous en prie, écoutez-moi, dit-il, en voyant Georges prêt à protester.

— Vous avez tout essayé : la conciliation, les compromis, les revendications et la liste est longue. Vos méthodes ont échoué. Dans la mesure où l’État refuse de nous traiter comme des égaux, nous avons en revanche le devoir de le traiter en ennemi.

Hautecroix n’eut pas le temps de protester. Il était amusé.

— Faites-nous confiance, continua le jeune homme. La haine est la seule voie désormais. Elle a réussi en Algérie, en Irlande… Le jour où notre peuple se rendra compte qu’il ne possède rien en propre, pas même sa langue, il sera mûr pour les formes les plus évoluées de collectivisme, ne fut-ce que pour embarrasser les possédants. Je ne vous cache pas que je suis athée…

— Mais alors…

— Ne croyez pas que seuls les croyants sont capables d’aimer leur pays. En ce moment, ce