Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/161

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Affaibli, diminué, honteux, Brouillé s’effondra au milieu de l’escalier. Georges accourut et le soutint jusqu’à son bureau. Affalé dans le fauteuil des visiteurs, la tête enfouie dans les mains, il raconta les traitements qu’on lui avait fait subir.

— Mayron croit le moment venu de tenter un coup de main, dit-il.

— C’est de l’enfantillage ! Ils ne sont qu’une poignée, sans armes…

— Ils vont profiter d’un soulèvement des chômeurs. Ils ne manquent pas d’armes. Et ils ont des intelligences dans la police, dans l’armée même. Au début, Mayron veut appuyer le mouvement sur des figures politiques et sur les journaux, pour éviter d’inquiéter les gens en place. Vous êtes l’un de ceux sur lesquels ils comptent.

— Mais comment Mayron a-t-il pu croire que je consentirais à m’abaisser à jouer ce rôle ?

— Pour votre malheur, à leurs yeux, le succès du coup repose sur votre acceptation.

Brouillé découvrit son visage tuméfié et ensanglanté.

— Et c’est pour cela qu’ils vous ont mis dans cet état ?

— Ils ne reculeront devant rien.