Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/42

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les voir et ils restaient pour l’encombrement des autres. Ses caprices changeaient plus souvent que la mode, vivant tourbillon qui emportait tout sur son passage, détruisant sans regret, faute de rien comprendre à ce qu’elle ne touchait pas au moment même.

Elle se jeta littéralement sur Georges et l’entraîna vers la rotonde, où elle avait fait accrocher un portrait de sa fille en costume de bain. L’écrivain connaissait peu le modèle à qui il avait été présenté à une réception de Colette. Elle l’avait peu impressionné. Il lui avait trouvé une tête quelconque, mais plus tard, ils s’étaient retrouvés sur la terrasse où ils avaient fui, chacun de son côté, se sentant mal accordés à toute cette gaîté de commande. Il croyait se rappeler qu’on lui avait dit que la jeune femme ne vivait plus avec son mari, menant une vie sans pôle, toujours à la course. Mais le visage avait quelque chose d’assuré. On devinait que par tempérament, elle aurait été toute différente de cela. Il y avait dans ses grands yeux bleus, largement écartés, la promesse d’une fidélité à soi-même qui la préserverait sans doute des folles embardées. Mais surtout, Georges était troublé devant les intentions de l’œuvre.