Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/59

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— Je ne comprends pas.

Son attitude indiquait qu’on avait trop présumé de son intelligence ou de ses connaissances et qu’il fallait reprendre l’exposé en n’omettant aucune transition. Son interlocuteur avait alors le sentiment de lui être supérieur en quelque chose.

— Mais tu as lu cela dans Sorel, disait Mayron.

— Non. Je n’ai pas lu Sorel, mais à ce que je vois, je devrais lire ses Réflexions sur la violence. C’est bien cela, n’est-ce pas ?

Il était difficile de ne pas l’aimer. Mayron, un peu plus âgé que ses camarades avait été désigné comme leur chef, mais l’influence de Jean s’exerçait en profondeur.

Georges fut éveillé en sursaut par des bruits de pas étouffés venant du côté de l’escalier. Les invités de Jean s’en allaient. Il regarda sa montre-bracelet. Minuit. Il avait dormi dans son fauteuil. Son livre tombé devant lui sur le tapis gisait retourné. Encore une fois, l’homme au marteau avait fait son apparition dans la petite rue montante… Enfin, la porte se referma une dernière fois.

Jean, dans sa chambre située en face de celle de son père, fredonnait un air difficile. À deux reprises, sa mère avait tenté de le faire