Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/78

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Sylvie avait détourné les yeux et elle rougit. Il devait revoir et apprendre à aimer ce signe de confusion chez la jeune femme. Pour dissimuler son embarras, elle se mit à parler avec volubilité.

Elle retrouvait parfois ici une cousine âgée de quinze ans, pensionnaire dans un collège snob, qui y amenait aussi des compagnes.

— Elles viennent se chauffer les ailes à la flamme qui brûle quelques-unes de leurs amies.

— Elles se tarabustent l’estomac à coup de café concentré, mais au moins on ne leur sert pas d’alcool.

— La marijuana en a pris la place et les tranquillisants. Tenez la petite qui se laisse peloter au fond de la salle, elle est droguée jusqu’aux yeux. Elle sent à peine ce qu’on lui fait.

— Quelle horreur !

Le mot lui avait échappé. Il sentit aussitôt qu’il avait son âge et il s’excusa :

— Le mot m’a échappé.

— Puis-je vous demander de me reconduire, dit-elle. Je me pensais moi-même mieux aguerrie. Vraiment, je n’en puis plus.

— Marchons jusqu’au taxi.