Page:Charbonneau - Aucune créature, 1961.djvu/83

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inspectant les housses des meubles, supputant les ravages probables de l’humidité, de la poussière, de la suie et des mites.


Georges s’installa dans un grand fauteuil à la droite de la cheminée. Autour de lui, il pouvait voir les objets d’art qui avaient été les témoins de son travail depuis l’époque lointaine où dans sa chambre d’étudiant, il écrivait son premier essai. Après son mariage, il avait d’abord eu un cabinet de travail. Les enfants l’en avaient bientôt délogé. Il avait alors porté sa table sous la fenêtre en encorbellement de sa chambre, puis un jour, il s’était mis à travailler dans ce grand fauteuil, une planchette sur les genoux, attendant la nuit et sa tranquillité pour appareiller.

« Nous sommes ici depuis dix ans, pensa-t-il, et je n’ai pas encore placé mes livres ». Ils occupaient un rayonnage vitré s’étendant de chaque côté de la cheminée, dans un désordre inexplicable chez un écrivain. Bien plus, une partie de ses exemplaires de luxe restaient emballés, de même que ses collections de re-