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Page:Charbonneau - Fontile, 1945.djvu/179

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toute petite brise qui agitait avec précaution les grands chênes au-dessus de nos têtes et allait, définitivement domestiqué, sécher dans le sable les corps ruisselants des baigneurs. Des nuages fuligineux qu’il roulait le matin, menaçant de déverser sur la campagne des torrents d’eau noire, il ne restait que de petits paquets blancs, proprement rangés au bord de l’horizon. Tout ce qu’il y avait d’embarcations en bordure de la rivière étaient sorties. Deux voiles, filant en sens inverse, égayaient les vagues. La plage était couverte de jambes, de bras, de chevelures entremêlées, de torses drapés dans des lainages de toutes les couleurs. À la tombée du jour, au-dessus du sable, on traverserait de grandes poches d’air chaud saturé de parfum et d’odeurs humaines.


Le chômage se prolongeait ; la crise devenait de jour en jour plus aiguë. Aucun indice ne permettait d’en prévoir l’issue. Gustave Aquinault ne paraissait pas à la hauteur de la tâche.