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LES DÉSIRS

tante Paule, à Fontile. Il se rappelle le voyage de retour en chemin de fer, son angoisse quand son père l’a quitté pour aller causer avec des compagnons dans le fourgon à bagages, l’arrivée à Deuville dans la nuit, la tempête. Son père porte une valise au bout de chaque bras et il lui dit : « Monte sur mon dos et tiens-toi à mon cou. » Puis, c’est une course dans la nuit, la pluie qui lui fouette le visage et lui coule dans le dos, le tonnerre qui éclate dans ses oreilles, l’engourdissement progressif de ses poignets, enfin l’arrivée dans cette grande maison sombre, sa mère qui pleure et rit tout à la fois en le voyant. Son père dit : « Dépêche-toi de le mettre au lit, il est trempé jusqu’aux os. » Auguste est fier de n’avoir pas eu peur.

Auguste ouvre la porte de la chambre et, pieds nus, dans sa chemise de nuit dont il doit retenir les bords pour qu’ils ne balayent pas le parquet, il s’oriente. Le corridor n’a pas de mur d’un côté et, à travers la balustrade, il aperçoit une porte, vitrée dans sa partie supérieure de pièces opaques et multicolores. Le hall d’entrée est encombré de caisses et de colis et du plafond descend une longue chaîne de cuivre terminée par une suspension de grenat.