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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/119

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ET LES JOURS

plus que quelques minutes — « Je vais chercher la garde », dit-il. « Non. Reste près de moi, ne t’en va pas. »

Il se dégage doucement et sort dans le corridor. La garde monte. Il sait que c’est inutile. Elle entre, les mains recouvertes d’une serviette blanche. Il détourne la tête. Quelqu’un d’autre est là, quelqu’un qui sait ; il se sent soulagé. Il a envie de sortir un peu, de marcher le long du corridor pour se désankyloser. Il sait que Marguerite ne le lui permettra pas.

Il se reproche de ne pas être assez affectueux. Marguerite ne sortait plus à cause de sa grossesse. « Je ne te vois presque pas », dit-elle. C’est vrai. Il rentre fatigué à six heures et il lit le journal, heureux qu’elle soit là, mais ne pensant pas qu’elle aurait peut-être besoin de causer. Hier, elle avait une escarbille dans l’œil. Après le souper, elle lui demanda de l’enlever. Il chercha et ne découvrit qu’une petite coupure sous la paupière inférieure. Il se reproche maintenant de ne pas avoir cherché plus longtemps.

Pendant son voyage de noces, il ne la quittait pas, n’avait de vie qu’avec elle et par elle. Un soir, à Saratoga, ils étaient descendus dans