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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/124

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LES DÉSIRS

liciers seront là. Ils seront deux. Avant ce jour, il n’avait encore dénoncé personne. La sensation n’est pas désagréable. Sans lui, Bernard Massénac serait encore libre. Il l’est encore. Oui, mais pour peu de temps. Aura-t-il peur ? Il a hâte de le voir sortir, la tête basse, les menottes aux poings.

Lecerf a vidé sa tasse. Rien encore, en face. Le patron le regarde. Tout à l’heure, ils ont échangé des banalités, mais le patron devine que l’inconnu n’a pas le goût de parler. Un étrange client qui semble bien plus intéressé par le spectacle de la rue vide que par le café qu’il boit distraitement. On le devine en attente.

— La rue est bien tranquille, dit le patron, espérant amorcer la conversation.

— Est-ce toujours ainsi ?

— C’est plus vivant à midi quand les enfants rentrent de la classe.

— Servez-moi un autre café.

Le restaurateur continue :

— Le soir, il y a encore des fêtes en face, vous savez, chez Massénac, mais depuis qu’il a recueilli la femme de son fils, c’est plutôt rare… Autrefois, (il s’interrompt pour poser la tasse de café devant son interlocuteur) le bonhomme