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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/156

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LES DÉSIRS

son buvard, une petite note signé Lavisse. « Massénac sera à ton bureau à onze heures. Écoute son histoire, mais ne prends aucune décision (il avait souligné aucune) avant de me parler. » Le député regarde en silence son visiteur.

— Tu as besoin de réfléchir, dit l’intrus. J’attendrai ta réponse demain.

Et il sort, entouré de fumée. Resté seul, le député ouvre toute grande la fenêtre et sonne sa secrétaire.

Il est bientôt rejoint par le Procureur de la Couronne. Nachand est grand et large d’épaules avec une tendance à se rejeter le torse en arrière, ce qui lui donne même à la Cour l’air d’un spectateur désintéressé. Il a le front large, le nez long et pincé, les yeux obliques. Fils naturel d’un personnage qui a eu son heure de célébrité, il s’entoure d’une atmosphère de pruderie. Il surveille sans cesse son maintien et son visage, poussant la circonspection jusqu’à ne parler que du coin de la bouche, sans jamais écarter les lèvres.

— Tu as vu Massénac, dit-il, en entrant, au député.