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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/185

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ET LES JOURS

Le paysan, sur la terre duquel ils sont descendus, leur dit que les « voyageuses » sont moins nombreuses cette année. Selon lui, le printemps n’a pas été propice aux couvées.

Louise a précédé les autres. Julien la rejoint. Il parle des chasses auxquelles il a pris part. C’était en octobre. Il a assisté à l’arrivée des oies. Elles revenaient, comme maintenant de l’Ungava et du Labrador. Quand leurs bandes arrivent, elles obscurcissent le ciel. Pour les tuer il faut les surprendre, caché dans un enfoncement du sol, pendant qu’elles s’ébattent au-dessus de la campagne. Il lui désigne deux oies isolées dans une petite anse.

— Ce sont les sentinelles. Elles sont maintenant à portée du fusil. À chaque pas que nous ferons, elles vont s’éloigner.

Elles s’éloignent en effet, sans hâte, mais constamment, maintenant entre elles et les visiteurs une distance toujours égale. Sur le fleuve, les petits papiers blancs continuent de se balancer sur les vagues. Un coup de feu lointain cingle l’air. Des centaines d’oies s’élèvent dans le ciel mais la masse ne bouge pas. Quand elles volent on les distingue mieux.

La jeune fille écoute parler Julien Pollender,