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ET LES JOURS

sommes des hommes comme les autres, bon sang ! Regardez-nous, les prêtres. Ce caractère que nous imprime le sacerdoce, plût à Dieu qu’il changeât notre nature et nos inclinations. Mais après vingt ans, trente ans de prêtrise, nous sommes aussi faibles, aussi exposés, et moins innocents que le jour où le Christ nous a oints.

— Mais la place du catholique est au combat.

— C’est vrai. Mais partout, il doit s’efforcer d’agir comme son divin Modèle. De plus en plus, l’Église se spiritualise. Elle était naguère une grande puissance temporelle. Elle possédait des États et le Pape déposait les rois et les princes. Aujourd’hui, il n’est pas un pape qui accepterait de revenir en arrière et de recouvrer territoires et puissance sur les princes. L’Église, en perdant son corps, s’est rapprochée de l’Esprit. C’est ce que nous avons le plus de mal à comprendre. Mais c’est ce que le Christ nous enseigne.

En quittant son ami, Lecerf réfléchissait à ses paroles. Mais c’étaient le ton pénétré et l’émotion de l’abbé Étienne qui agissaient sur lui.