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ET LES JOURS

contre la bonne qui les avait apportées, avant d’apercevoir les fleurs. Quand il devina l’intention bienveillante, il était trop tard. Georgette, humiliée, quitta la maison.

Auguste ne comprit pas qu’il ne reverrait plus Georgette. Après son départ, et pendant plusieurs jours, il errait dans la maison, cherchant la bonne à laquelle il était presque aussi attaché qu’à sa mère. Puis il s’habitua.

Les trains ramenant par milliers les soldats de la côte s’arrêtaient quelques minutes à Deuville. Le menu peuple et ceux qui avaient des parents à la guerre envahissaient les quais. En dépit des règlements sévères qui interdisaient aux militaires de descendre des wagons, quelques-uns enfreignaient la consigne. Ils chantaient, dansaient, embrassaient les jeunes filles, jetaient aux enfants des colifichets et des pièces de monnaie étrangère. Les cris et les chants duraient jusqu’au départ du train.

Enfin, ce fut le tour du régiment de Deuville. Toute la ville pavoisa. On avait construit une estrade sur le quai de l’ouest, comme on faisait pour la réception des personnages royaux, et tous les notables y prirent place. Auguste, placé entre son père et sa mère dans une des fenê-