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IV

Un soir, M. Prieur entra la tête basse.

— Qu’est-ce qu’il y a François ? lui demande Mme Prieur. Es-tu malade ?

Il était pâle et Auguste vit tout à coup, avec un serrement de cœur, qu’il avait pleuré. L’enfant sentit ses yeux se mouiller. Jusque là, il n’avait jamais vu pleurer son père. François Prieur regardait sa femme en silence, puis comme s’il annonçait la fin du monde :

— Laurier est mort, dit-il.

La nouvelle lui avait été apportée par le télégraphe. Il n’ajouta rien. Les enfants montèrent se coucher et François Prieur se plongea dans son journal et ne prononça pas un mot de la soirée.

Auguste ne joue plus que rarement avec Claude. Il a des amis, une vie mystérieuse pour les siens. Il disparaît des jours entiers et à son retour, il fait des récits fantastiques de ses explorations dans la campagne. Il est descendu sous le pont ; il a visité des maisons abandon-

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