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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/34

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LES DÉSIRS

de lui. Il ne voit plus Auguste, il n’a d’yeux que pour ce petit être inoffensif contre lequel il s’acharne avec un bâton.

La chauve-souris a roulé au pied d’un gros arbre. Les jambes écartées, le souffle court, Pierre la regarde. Il tremble de tous ses membres, effrayant à voir. Son compagnon, mal à l’aise, s’est détourné de lui.

— Auguste, dit-il, d’une voix blanche.

— Oui.

— Je l’ai tuée.

— Je le sais.

Il soulève la chauve-souris, honteux de son emportement.

Les ailes paraissent de crêpe noir. À son dos bée une large plaie, faite par le bâton, mais le sang n’en coule pas. Pierre cherche ses yeux et les trouve un peu au-dessous des oreilles. En voyant sa bouche de nourrisson, Auguste éprouve du remords d’avoir laissé tuer un être aussi pitoyable.

Pendant tout l’été qui suivit cette première expédition, Auguste retourna souvent au ruisseau avec Massénac et d’autres compagnons.

À peine avaient-ils enjambé la clôture qui séparait le champ d’avoine de la route, que le