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LES DÉSIRS

grand, si profond, que toute sa vie va en être bouleversée. Il est tendu. La tante conduit les visiteurs dans sa chambre et tire d’un placard une grande boîte ronde, bourrée de papier de soie. Elle en écarte cérémonieusement la feuille supérieure et Auguste, qui n’en peut croire ses yeux, aperçoit la couronne d’un feutre gris.

L’enfant est partagé entre une folle envie de rire et la crainte de blesser la vieille dame.

Sa mère n’a pas bronché.

— C’est la surprise que je veux lui faire le jour de son admission au Barreau, dit la tante, le visage rayonnant de joie. Son premier chapeau…

Le ton de vénération de la vieille dame pour parler du Barreau, éveille dans l’enfant une grande admiration pour ce cousin et la profession qu’il embrasse.

— Toi, mon petit, iras-tu à l’université quand tu seras grand ?

Auguste, qui ignore jusqu’à la signification de ce mot, ne sait que répondre. Sa mère le tire d’embarras :

— Auguste sera pharmacien !