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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/50

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LES DÉSIRS

allé vous chercher. » Il est entré au collège à treize ans, alors qu’il eut été prêt à dix ; trouvant l’enseignement qu’on y professait ingrat et trop facile pour lui, il s’ennuie, suit distraitement les cours, se prépare mal aux classes supérieures. Il ne comprendra que plus tard l’utilité des exercices. Il veut du même coup apprendre et faire quelque chose.

Les religieux, issus pour la plupart du peuple ou de la petite bourgeoisie, gardent, même arrivés à la prêtrise, une admiration inconsciente pour les fils des hommes en vue. Ces enfants sont traités avec déférence et une sourde affection que les élèves eux-mêmes ressentent pour tout ce qui touche à un homme qui a réussi. Auguste est brimé par eux. Il n’échappe que de justesse à la tentation d’hypocrisie par laquelle les plus brillants se rendent la vie agréable.

Il se sent cruellement seul. Les études classiques en l’élevant au-dessus de son entourage, sans l’élever au niveau de ceux de ses camarades dont les parents sont riches, le laissent haletant au milieu de la côte qu’il est toujours exposé à redescendre et que personne n’est capable de l’aider à monter. Il est seul. Il ne doit compter que sur lui-même. On ne se doute pas de ce