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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/78

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LES DÉSIRS

Caroline et son mari sont devenus. Qu’importe d’ailleurs ? Elle s’est si longtemps répété qu’elle avait raison, qu’elle avait agi pour le bien de Pierre… maintenant elle est incapable de démêler ce qui s’est passé. Caroline était-elle ce qu’elle a voulu la croire ? N’a-t-elle pas exagéré ?

Si elle pouvait en ce moment défaire ce qui est fait, retrouver la paix et rendre la joie à Pierre, elle sent qu’elle accepterait de sacrifier les années de bonheur qui ont suivi. Il est trop tard. Son impuissance l’accable. Elle tente de se lever ; elle se jettera aux pieds de Pierre et lui demandera pardon. Mais elle est paralysée.

Bernard vient d’entrer dans sa chambre, suivi du médecin. Celui-ci s’approche du lit, prend le pouls de la malade et annonce : « Ce n’est plus qu’une question d’heures. »

Pierre est seul avec la malade. Il la regarde, les yeux mauvais. Depuis quelques jours, il entre parfois dans la chambre quand son beau-père est absent. Il ressent avec une force étrange la tentation de traduire en acte une idée qui germe depuis longtemps dans son cerveau. Étrange force d’une idée à laquelle on attache