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Page:Charbonneau - Les Désirs et les jours, 1948.djvu/97

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ET LES JOURS

Elle levait les yeux sur Pierre et il a fait « oui » de la tête, sans ouvrir la bouche. Elle ne sait s’il répondait affirmativement à la question qu’elle vient de poser ou s’il répondait à une autre profonde interrogation dont ce « oui » la rend consciente. Ce oui est un engagement dont elle ne mesure pas encore toute la portée et dans les yeux gris, qui se sentent compris, s’allume une incomparable douceur.

— Qu’est-ce que tu lui as fait, Massénac, demande Auguste.

Massénac espère que Lucienne, qui fermait la porte derrière elle, n’a pas entendu.

— Elle n’en a que pour toi, mon cher.

— Elle est honnête, dit Louis.

Chi lo sa ?

Quand Lucienne reparaît, elle a retrouvé sa contenance, mais elle évite de regarder du côté de Pierre qui occupe le haut de la table et tourne le dos à la porte.

— Crois-tu en Dieu ? demande Auguste en riant à Massénac, en levant son verre de liqueur.

— Si vous aviez mon expérience…

— Laissons de côté ton expérience, réponds-moi simplement par un oui ou un non.

Massénac hésite. Tous les yeux sont fixés sur