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LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

inusitées, les impulsions aux actes extravagants, enfin les différents phénomènes du délire hystérique et de l’extase joints aux manifestations variées de la monomanie religieuses[1].

Poursuivis par l’autorité royale, les convulsionnaires tinrent des réunions clandestines et l’épidémie ne s’éteignit que lentement ; elle n’avait pas complètement cessé en 1760.

L’agitation qui se fit autour de cette épidémie convulsive fut des plus vives et se répandit dans toutes les classes de la société. La guerre que se livrèrent à ce propos les Jansénistes et les Jésuites fut des plus acharnées et se manifesta non seulement dans des écrits de tout genre mais encore dans de nombreuses images populaires dont on retrouve encore aujourd’hui un grand nombre.

Il faut parcourir ces estampes, où tous les genres se trouvent réunis, pour se faire une juste idée de l’émotion qui pendant plusieurs années s’empara des esprits.

Les dessins que nous avons réunis sur ce sujet peuvent être rangés en quatre groupes :

1o Les estampes représentant les faits et gestes des convulsionnaires et les miracles opérés par l’intercession du bienheureux ;

2o Les estampes relatives aux divers événements historiques, tels que la fermeture du cimetière de Saint-Médard, la séquestration des principaux convulsionnaires, etc., etc. ;

3o Les portraits du bienheureux de Paris et les estampes relatives à sa vie et à sa mort ;

4o Les pièces satiriques où tour à tour Jésuites ou Jansénistes sont traités de la belle façon. La première catégorie est la seule qui nous intéresse ici ; le nombre des pièces qui la composent est assez grand ; ce ne sont, pour la plupart, à l’exception de quelques-unes de celles qui ont été publiées par Carré de Montgeron, que des images populaires ou des illustrations d’ouvrages, parfois d’un intérêt plein de charme et de pittoresque, mais qui ne sauraient être mises en balance cependant avec les documents si précieux que les anciens maîtres nous ont laissés relativement aux possessions. Nous nous contenterons d’en reproduire ici quelques spécimens.

I

Guérison de la demoiselle Fourgoy

Le curieux livre de Carré de Montgeron, dans lequel cet auteur expose avec tant de soin l’histoire de la maladie et de la guérison de quelques-uns des miraculés, devient pour nous

  1. « Dès qu’on commença à persécuter les convulsionnaires, les convulsions se multiplièrent plus que jamais ; elles prirent de tous côtés à un grand nombre de personnes qui n’avaient point de maladie, et Dieu les accompagna de différents dons et les illustra par quantité de prodiges. Entre autres il ouvrit la bouche à une multitude