Page:Charcot - Les Démoniaques dans l’art.djvu/111

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


LES « DÉMONIAQUES CONVULSIONNAIRES » D’AUJOURD’HUI


Pour clore cette Étude sur les représentations des anciens démoniaques, il nous paraît utile de mettre sous les yeux du lecteur une description sommaire de la grande névrose telle que nous l’observons aujourd’hui, et plus particulièrement de la grande attaque convulsive qui est une de ses principales manifestations.

Il ne faudrait pas conclure, tant s’en faut, de ce rapprochement que l’hystérie ait été le seul état morbide dissimulé dans les cas de possession ; on y retrouve d’autres névroses, telles que l’aliénation mentale sous ses diverses formes (démonopathie), l’épilepsie, l’hypochondrie, etc. Mais il n’en est pas moins vrai que de toutes les affections nerveuses, l’hystérie est celle qui dans l’espèce parait avoir joué presque toujours le rôle le plus considérable et que les agitations et contorsions des anciens démoniaques représentés par les artistes ont été empruntées à la symptomatologie de l’hystérie.

De récentes études nous ont permis de donner de la grande attaque hystérique une description méthodique en la subdivisant en plusieurs phases et périodes nettement caractérisées. Nous avons démontré l’existence d’une règle fixe et immuable, là où les auteurs n’avaient vu jusqu’ici que désordre et confusion. Autour d’un type qui représente l’attaque hystérique dans son entier et complet développement, nous avons groupé les variétés résultant de la prédominance ou de l’atténuation de l’une ou de plusieurs des périodes qui la composent. Parmi ces variétés il en est une qui mérite plus particulièrement d’attirer ici notre attention. Nous y trouverons les modernes « possédés », et nous n’avons pu trouver de plus juste dénomination pour la désigner que celle d’attaque démoniaque.

Il est parfaitement démontré aujourd’hui, par des observations dont le nombre augmente chaque jour, que l’hystérie n’est point spéciale au sexe féminin. Les jeunes garçons, les hommes de tout âge, et parmi eux des ouvriers, des manœuvres dont la nature intellectuelle est bornée, et dont l’extérieur n’a rien d’efféminé, peuvent devenir la proie de la grande névrose. Les plus grandes ressemblances existent entre les symptômes dans l’un et l’autre sexe. Nous signalerons chemin faisant quelques différences de détail.