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LES DÉMONIAQUES DANS L’ART.

d’écuelles. L’eau qui y coule est douée peut-être de propriétés curatives ; en tout cas, elle pouvait servir à étancher la soif dont souffraient les principaux acteurs. Certains épisodes que l’artiste, en homme discret, a relégués dans les parties les moins en vue de son tableau, font reconnaître jusqu’à l’évidence que la lubricité n’était pas toujours, tant s’en faut, bannie de ces assemblées.

Les gravures de Hondius que nous avons trouvées au Cabinet des estampes sont d’un dessin fini et soigné. Elles sont d’assez grande dimension et portent, en outre de la signature du graveur, la marque du peintre : « P. Breughel, inv. » La scène représentée est exactement la même que celle du croquis, qui se trouve divisé en trois parties. En effet les gravures de Hondius sont au nombre de trois ; l’une ne contient que les deux joueurs de cornemuse, les deux autres se partagent les pèlerins, qui forment deux groupes bien distincts à droite et à gauche du tableau.

Chaque personnage du croquis primitif s’y retrouve ; il n’est que bien peu changé aux attitudes générales, mais dans les détails des vêtements, et en particulier dans l’expression des physionomies, on retrouve le soin minutieux et le souci de la nature qui distinguent les œuvres du maître flamand.


EXORCISME DE NICOLE AUBRY

GRAVURE (1575)

Il se fit grand bruit au XVIe siècle autour de la possession d’une jeune mariée de Vervins, Nicole Aubry, âgée de seize ans. Une gravure du temps reproduit les principaux épisodes de l’exorcisme qui fut fait en grande pompe en l’église Notre-Dame de Laon par l’évêque de cette ville. Nous en donnons ici un fac-simile que nous empruntons à la Vie militaire et religieuse au Moyen âge et à l’époque de la Renaissance de M. P. Lacroix, en reproduisant la légende qui l’accompagne.

« Les cérémonies de l’exorcisme à Laon seulement durèrent neuf jours.

» Le premier jour, elle fut amenée à l’église par plusieurs hommes (A), qui la contenaient avec peine ; les jours suivants (V) on la porta dans son lit, derrière la châsse de Notre-Dame, la croix et le Saint-Sacrement. Après avoir fait trois fois le tour de l’église, elle était placée sur un matelas derrière le chœur. La procession finie, un cordelier faisait le sermon. Puis l’évêque disait la messe à l’autel de l’Image. Assis au milieu de son clergé il prononçait