Page:Chardon - Antonia Vernon.djvu/26

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du Roule, où Robert avait rempli les fonctions de suisse avec honneur. Ils étaient concierges depuis deux ans ; il y en avait deux aussi qu’Antonia occupait son logement sans que personne sût à quel titre Mme Robert y prenait intérêt ; nous dirons seulement qu’elle n’était ni sa fille ni sa nièce. Mme Robert lui parlait avec une espèce de respect et la jeune fille n’acceptait pas le logement gratis : elle payait tous les trois mois, à Mme Robert, la petite somme qu’elle avait donnée jadis dans le logement qu’elle habitait avant, celui-là. Il faut ajouter aussi que Mme Robert acceptait l’argent, mais le dépensait tout entier en petits présents pour sa locataire. Un jour, c’était une robe qu’Antonia trouvait sur son lit, un châle, un peu de linge, et surtout de petites parts que Mme Robert retirait des énormes mets préparés par elle pour le repas conjugal, et qui venaient à point, au retour d’Antonia, pour s’adjoindre à quelques provisions froides et peu succulentes dont se composaient d’ordinaire tous ses repas.

Le second étage de la maison était occupé depuis deux ans par un notaire retiré ; l’appartement était aussi doré, aussi splendide, mais un peu moins vaste que celui du premier étage ; on en avait détaché deux pièces qu’on louait séparément. Le notaire retiré possédait une grande fortune, se nommait d’Amblemont, et n’avait qu’une fille unique, Marthe, éle-