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LE ROMAN SOCIAL EN FRANCE

abbé Bournisien de Madame Bovary. Ce ne sont pas de mauvais prêtres. Episodiques tous deux, ils ont, tous deux, surtout le premier dans sa vulgarité un peu épaisse, un relief saisissant (1). Mais « sans zèle et sans flamme, exerçant lourdement et bourgeoisement leur strict ministère paroissial (2) », ils peuvent, justement parce que les Goncourt et Flaubert ne semblent s’être proposé qu’une exactitude réaliste, être invoqués par les anticléricaux.

B. — Les trop bons prêtres. — Voici, en face, la théorie des « insignifiances en sucre candi ou en carton peint », des prêtres de famille, des prêtres décoratifs, pour reprendre les expressions de M. Franche (3). Y introduirons-nous Mgr Bienvenu Myriel ? Ce serait, du moins, en tête et avec quelques réserves. Car il a une grandeur véritable, s’il est par trop délibérément touchant et parfait, ce « pauvre évèque paysan », qui troque son palais contre un hôpital, ne craint pas le calembour sublime et, démocrate, nous parait un peu court, néanmoius, dans son Credo. Mgr Myriel est de pure convention : encore son auteur a-t-il du génie. Comme il fait paraître pâles les bons petits curés qui le

i. J. Lemaître, Impr. de théâtre, 8e s., p. i35, compare à BournisicH le pasteur Kitelhaus des Tisserands de G. Hauptmann : « Ce n’est pas un mauvais homme que ce pasteur ; il n’est que banal, épais et d âme endormie. C’est comme qui dirait un abbé Bournisien protestant. »

2. P. Franche.

. L. Delaporte, Pastels et Figurines, p. i3a : « C’est le curé à la façon de Béranger, de l’abbé Bridaine, comme L’admirent dix mille bourgeois imbéciles qui le trouvent « distingué », disant : « Ah ! s’ils étaient tous comme celui-là !… »