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glace, les deux chaises et la table à roulettes les emplissent. Elles sont si petites que ces quatre meubles semblent encombrants. Ici l’on vit, à raison de vingt-cinq francs par mois, une vie sans dignité. Les matelas du lit sont sales, les rideaux de la fenêtre sont gris comme un jour de vie pauvre. Le garçon de l’hôtel a un passe-partout qui lui permet à tout instant d’entrer dans votre chambre. Vos voisins changent tous les quinze jours et vous les entendez à travers la cloison. Les uns sont des couples alcooliques qui se disputent, d’autres ont une odeur de prostitution, et, si quelques-uns sont sages, ils n’inspirent pas confiance. Les pauvres locataires des hôtels meublés n’ont pas de chez soi. Pierre Hardy ne pouvait pas se dire ; « J’ai un refuge où, quand je suis triste, je m’assois parmi des choses qui me plaisent. »

Son seul refuge était son ami Louis