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Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 1.djvu/235

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état avec l’état futur : il comparera ces deux états, & de cette comparaison naîtra le sentiment de l’accroîssement de son bonheur. Ce sentiment sera lui-même un accroîssement de bonheur ; car c’est être plus heureux encore que de sentir qu’on l’est d’avantage.

Il est bien évident, que si l’animal parvenoit à son nouvel état sans conserver aucun souvenir du précédent, ce seroit par rapport à lui-même un être tout nouveau qui jouïroit de cet état, & point du tout le même être ou la même personne. Il seroit, pour ainsi dire, créé de nouveau.

L’ancienne & ingénieuse doctrine de la métempsycose ou de la transmigration des ames n’étoit pas aussi philosophique qu’elle a paru l’être à quelques sectateurs de l’antiquité : c’est qu’une grande érudition n’est pas toujours accompagnée d’un grand fond de bonne philosophie. J’ai dit, qu’il étoit assés prouvé que la mémoire a son siège dans le corps : une ame qui transmigreroit d’un corps dans un autre n’y conserveroit donc aucun souvenir de son état précédent. Je me borne à renvoyer là-dessus aux articles XV, XVI, XVII, XVIII