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Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 1.djvu/295

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éffrayé… mes sens se glacent… je m’arrête… Je recule d’effroi… je suis sur le bord du plus épouvantable abîme. … ô éternité ! Éternité ! Qui as précédé le tems, qui l’engloutiras comme un gouffre ; qui absorbes les conceptions de toutes les intelligences finies… éternité ! Un foible mortel, un atome pensant ose te nommer, & ton nom est tout ce qu’il connoît de toi.[1]

Qui pourroit nier, que la puissance absolue ait pu renfermer dans le premier germe de chaque être organisé la suite des germes correspondans aux diverses révolutions que notre planète étoit appellée à subir ? Le microscope & le scalpel ne nous montrent-ils pas les générations emboîtées les unes dans les autres ? Ne nous montrent-ils pas le bouton ménagé de loin sous l’écorce, le petit arbre futur renfermé dans ce bouton ; le papillon, dans la chenille ; le poulet, dans l’œuf ; celui-ci dans l’ovaire ? Nous connoissons des

  1. On sent assés, que ce que je dis ici de l’Eternité, ne tend point à faire penser, que l’Univers soit une émanation éternele de la DIVINITÉ. Je prie qu’on relise la Note que j'ai mise au bas de la page 254, & la manière dont je me suis exprimé sur la Création page 174.