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Page:Charles BONNET 1769 La Palingénésie philosophique ou Idées sur l'état passé et l'état futur des êtres vivans - tome 1.djvu/329

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Notre philosophe admettoit donc comme une maxime générale, que rien ne s’opéroit par saut dans la nature ; que tout y étoit gradué ou nuancé à l’infini. Il justifioit cette maxime par un grand nombre d’éxemples puisés dans la physique & dans la géométrie. Elle l’inspiroit en quelque sorte, lors qu’il prédisoit, qu’on découvriroit un jour des êtres, qui par rapport à plusieurs propriétés, par éxemple, celles de se nourrir, ou de se multiplier, pourroient passer pour des végétaux à aussi bon droit que pour des animaux. On peut voir le détail de cette singulière prédiction dans l’article 209 de mes considérations sur les corps organisés. J’ai fort développé cette loi si universelle des gradations, dans les parties II, III, IV de ma contemplation de la nature : je l’ai présentée sous un autre point de vuë dans le chapitre XVII de la partie VIII du même ouvrage.

Cette loi de continuité régit le monde idéal, comme le monde physique : l’harmonie préétablie de notre auteur le suppose nécessairement ; puisque, suivant cette hypothèse, les perceptions doivent toujours naître les unes des autres, & du fond même de l’ame. Ainsi, chaque état de l’ame a sa raison dans l’état