L’esprit-humain se plait au merveilleux : il a une sorte de goût inné pour tout ce qui est extraordinaire ou nouveau : on le frappe toujours en lui racontant des prodiges : il leur prête au moins une oreille attentive, & il les croit souvent sans éxamen. Il semble même n’être pas trop fait pour douter : il aime plus à croire : le doute philosophique suppose des efforts qui, pour l’ordinaire, lui coûtent trop.
Ces dispositions naturelles de l’esprit humain sont très propres à accroître la défiance d’un philosophe sur tout ce qui a l’air de miracle, & doivent l’engager à se rendre très difficile sur les preuves qu’on lui produit en ce genre.
Mais ; les visions de l’alchymie porteront-elles un philosophe à rejetter les vérités de la chymie ? Parce que quantité de livres de physique & d’histoire fourmillent d’observations trompeuses & de faits controuvés ou hazardés, un philosophe, qui sçaura douter, en tirera-t-il une conclusion générale contre tous les livres de physique & d’histoire ?
Étendra-t-il sa conclusion indistinctement à toutes les observations, à tous les faits ?