Dans sa grandeur rudimentaire et primitive,
l’art ne contemple que la nature inorganique. Il
cherche, nous l’avons dit, à reproduire par une
architecture colossale quelques-uns des traits les
plus frappants du grand spectacle que lui présente
l’univers. Temples souterrains, pyramides,
labyrinthes, immenses plates-formes, hautes
tours, forêts de colonnes, il élève ou il creuse des
monuments qui seront une image emblématique
des vagues croyances de tout un peuple, un symbole
indéfini, obscur et redoutable par ses obscurités
mêmes. Il essaye, non pas d’imiter les
choses créées, mais de s’assimiler selon ses forces
à l’intelligence qui les créa. Bientôt, cependant,
après avoir admiré l’univers, l’homme en vient
à se contempler lui-même. Il reconnaît que la
forme humaine est celle qui correspond à l’esprit
et qui en est, pour ainsi dire, l’appareil ; que, réglée
par la proportion et la symétrie, libre par
le mouvement, supérieure par la beauté, la forme
humaine est, de toutes les formes vivantes, la
seule capable de manifester pleinement l’idée. Alors il imite le corps
humain pour arriver à exprimer ses propres pensées et non plus celles
que la nature antérieure à l’homme semblait lui révéler et lui voiler tout