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GRAMMAIRE DES ARTS DU DESSIN.

préférait la forme d’une croix latine, le spectateur serait privé d’apercevoir dès l’entrée la majesté de cette coupole immense.

croix grecque
croix latine

La coupe concerne les agencements secrets de la construction ; elle montre l’épaisseur des murs, la force des voûtes, l’ajustement des charpentes ; elle ne saurait donc avoir, en ce sens, aucune relation avec la beauté, puisqu’elle représente ce que le spectateur ne verra jamais et ce que l’architecte ne voit lui-même qu’avec les yeux de sa pensée. Mais la coupe a aussi pour objet d’indiquer, depuis la base jusqu’au sommet, les formes et les dimensions intérieures de l’édifice. Elle montre l’aspect qu’il offrira au dedans, l’effet que produira sa profondeur, la manière dont il pourra s "éclairer, et jusqu’aux décorations dont il sera enrichi ; de sorte que la coupe peut être considérée, sous ce rapport, comme une élévation intérieure.

C’est donc surtout dans les élévations que se manifeste le génie de l’architecture. C’est là que le constructeur devient artiste, c’est là que les monuments dignes de ce nom portent l’empreinte du sublime ou celle du beau.

Nous avons à rechercher maintenant quelles sont les sources du sublime ou du beau dans l’architecture.



V

LE SUBLIME DE L’ARCHITECTURE TIENT À TROIS CONDITIONS ESSENTIELLES : LA GRANDEUR DES DIMENSIONS, LA SIMPLICITÉ DES SURFACES, LA RECTITUDE ET LA CONTINUITÉ DES LIGNES.

La grandeur des dimensions. — Parmi les monuments de l’architecture qui ont fait l’étonnement de tous les siècles, il n’en est pas un seul f|ui, réduit à de petites dimensions, ne perdît immédiatement ce caractère de solennité sublime qui donne une secousse à notre âme. Il en est des spectacles qui frappent nos yeux comme des sons qui frappent nos