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LA CORÉE OU TCHÖSEN

Plaçons ici l’incident de la photographie auquel j’ai fait allusion tout à l’heure. Les Coréens éprouvent des préjugés très prononcés contre l’étranger, et il ne manque pas à la capitale de gens haut placés qui guettent l’occasion d’exploiter ce sentiment, espérant qu’une émeute quelconque pourra leur donner le pouvoir. Le Tai-Ven-Koun, père du roi actuel et, pendant quelque temps, régent, aspire à succéder à son fils, dont la faiblesse de caractère aurait déjà perdu le trône sans la reine, femme à laquelle on attribue une forte intelligence et beaucoup de mérite. Le Tai-Ven-Koun travaille toujours à pousser la populace à massacrer les étrangers.

Fig. 13. — La famille d’un coolie. (D’après le croquis d’un artiste coréen.)

Il intrigua contre les Japonais d’abord, en 1882 et 1884 ; mais les Japonais se défendirent si bien qu’il fallut abandonner la partie. En 1888, les Européens, peu nombreux, et surtout les missionnaires, offraient une meilleure chance de succès. Les agents du Tai-Ven-Koun lui rapportèrent la présence dans la capitale de la mystérieuse photographie, et on lui parla des secrets de la chambre noire ! Le vieux conspirateur vit là une arme dont il ne tarda pas à se servir. On faisait courir le bruit que les missionnaires employaient des agents pour voler des enfants coréens, et que ceux-ci, après avoir été bouillis, étaient mangés par des missionnaires, les yeux