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LA CORÉE OU TCHÖSEN

de Quelpaërt. L’hostilité envers les étrangers et un isolement complet du monde extérieur sont devenus la base de la religion de ses habitants.

L’origine de cette aversion contre les hommes de toute race et de toute couleur restera sans doute toujours un mystère. Quelpaërt n’a pas d’autre histoire que la mythologie et les traditions dont le Halla-San est l’objet : c’est là que, d’après les croyances populaires, le premier homme vit la lumière du jour.

J’avais d’abord pensé me rendre au Pak-Tu-San, « la montagne à la cime toujours blanche », située dans le nord de la péninsule, pour explorer la rivière Ya-lou, découvrir ses sources dans cette montagne mystérieuse, et, peut-être pénétrer dans la Mantchourie, le plus riche des domaines pour les études ethnologiques. Mais je n’étais pas en mesure d’accomplir une telle expédition dans les délais qui m’étaient fixés ; il me fut donc nécessaire d’attendre une autre occasion et je me décidai à diriger mes projets sur le point de la Corée qui me semblait le plus intéressant après celui-là, c’est-à-dire Quelpaërt.

Dans ce voyage, je n’avais pas en vue seulement les découvertes géographiques, mais encore les recherches ethnographiques qui me permettraient de déterminer peut-être, au moyen des types que je rencontrerais, l’étrange et mystérieuse origine de sa population et ses relations avec celle de la Corée. Hamel, en effet, dit très peu de chose sur cette île où, sans doute, il ne séjourna pas longtemps, les indigènes qui redoutaient les étrangers s’étant empressés de le conduire sur la terre ferme.

Le 1er septembre 1888, j’obtins de S. M. le roi, par la bienveillante entremise du président du Comité des Affaires étrangères de Séoul, la permission de visiter Quelpaërt et je fus muni, en vertu de ses ordres, d’un passeport et d’un koun-tjà, lettre spéciale de recommandation.

Le 5 septembre, accompagné de M. Kim-Won, que j’avais pris à mon service personnel comme interprète, et d’un cuisinier, je m’embarquai à Tchemulpo, à destination de Fousan. Nous arrivâmes le 7 dans ce dernier port, où je m’occupai d’affréter une barque indigène pour l’expédition. Mais il ne s’y trouvait alors aucun bateau qui put être utilisé pour une semblable traversée. On ne pouvait songer aux jonques coréennes dont les patrons se refusaient à partir, alléguant les risques et les dangers qu’ils