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LA CORÉE OU TCHÖSEN

lation, sans compter les effectifs de l’armée et de la marine, est de dix mille âmes. Il y a là un grand nombre de Russes, de Finnois, de Polonais et d’Allemands. Le commerce est presque entièrement entre les mains de ces derniers. Les basses classes sont composées d’Aléoutiens, d’Aïnos et Kouriles du Sakhalien et du Yesso, de Korouks, de Tchouks et de Kamschadales, de Lamouls, de Goulaks, de Yackouts et de Bouriates, originaires des bords de l’Amour, de Menzes venant de Possiet, de Tartares, de Manjoors et d’Orochons, habitants des territoires qui s’étendent jusqu’à l’Olga. Parmi eux doivent être compris six cents Japonais, trois mille Chinois et mille coolies coréens. Ce mélange d’individus donnera quelque idée de la population mixte de Vladivostok.

Les autorités russes ont tout récemment établi de très lourdes taxes sur presque toutes les marchandises étrangères, dans le but avoué d’éloigner les négociants étrangers et d’encourager leurs propres commerçants.

Vladivostok a l’apparence d’une des villes sauvages situées sur la frontière occidentale de l’Amérique. Le long de bâtiments en pierre et en briques presque semblables à des palais, on peut voir de misérables masures en bois qui servent de demeure aux pauvres, mais qui remplissent aussi l’office de cabarets, la consommation de « vodka » étant véritablement effrayante à Vladivostok.

Vladivostok, le terminus qu’on a en vue pour le chemin de fer transsibérien projeté, est sans doute destiné à devenir, dans un avenir rapproché, un point d’un intérêt politique considérable. Le climat y est réellement exécrable ; les hivers y sont longs et très froids, et les étés, bien que frais, y sont caractérisés par des brouillards continus qui enveloppent la cité comme d’un manteau de brume et de ténèbres. Une poste impériale traverse la Sibérie, longe le fleuve Amour et se dirige vers Tchita. Irkotsk sur le lac Baïkal, Tomsk, Perm et Nijni-Novgorod, pour de là gagner Moscou.

Le 26, je revins par le même steamer à Wônsan, où je me proposais de prendre la route de terre à travers la Corée pour rentrer à mon poste, distant de 200 kilomètres.

Wônsan ou Port-Lazareff est un superbe port bien fermé. C’est de lui qu’on a dit : « Ses rivages sont une suite de magnifiques anses et promontoires, et les flancs de ses collines, tombant à pic dans un drap verdoyant