Aller au contenu

Page:Charles Chaillé-Long - La Corée ou Tchösen.djvu/79

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
63
LA CORÉE OU TCHÖSEN

Song-to, la capitale de Korai au nord, et les capitales de Hiaksai et Shinrai furent encore, en apparence, les foyers d’une civilisation indienne, mais ce ne fut qu’en apparence : les bonzes étaient devenus pervers et licencieux. Les Annales chinoises rapportent que le monastère, autrefois foyer d’art et de science, était devenu la demeure du vice et de la corruption. Les bonzes s’étaient fait une place dans toutes les familles comme confesseurs, et ce système avait amené un tel abus de confiance que le peuple se révolta et les menaça de mort. Plus tard, la fureur du peuple fut à son comble et un massacre général, commencé à Song-to, eut lieu dans tout le pays. Les bonzes se réfugièrent au palais royal par centaines, mais traqués par la populace, ils furent assommés et le palais brûlé. » C’est ainsi, ajouta l’historien des Annales, que Kaoli (Corée) a perdu son royaume, à cause de la confiance qu’il avait dans les bonzes. » Et lorsque le second roi de Tchösen arriva au trône, il promulgua un décret par lequel il disait : « Puisque Kaoli avait traité les bonzes comme amis du pays, Tchösen, son successeur, devra les traiter comme esclaves », ajoutant que jamais aucun prêtre n’aurait la permission d’entrer à la capitale sous peine de mort. Il y a de cela cinq cents ans et, jusqu’à ce moment, on n’a pu constater la présence d’aucun prêtre indigène à Séoul.

Li-Tadjo, le fondateur de la dynastie actuelle, comme on le verra, fut un disciple du bouddhisme qui tenta, par lui, un effort suprême pour empêcher sa chute finale. Suivant les conseils des bouddhistes, il construisit des places fortes dans les montagnes et constitua leur garnison avec des prêtres habillés en soldats, espérant ainsi créer de nouveau des foyers d’une religion rénovée. Ces monastères, avec leurs prêtres-soldats, tels que Pok-Han, Nam-Han et autres, existent encore aujourd’hui. Mais, séparés de leurs coreligionnaires et ne recrutant plus leurs rangs à l’étranger, ils ont perdu l’art et la littérature de leur culte, ils n’en conservent que les rites. Le gouvernement actuel les place sous les ordres d’un officier supérieur connu, comme Tchong-Sip et Ti-Jip-Sa. Ils sont au nombre de six cents et sont inscrits comme Seung-Koun. Ils sont traités comme les autres soldats ; on leur donne l’uniforme. Le chapeau diffère de celui du soldat ordinaire en ce qu’il a le haut conique au lieu d’être carré, et on leur accorde le privilège de se raser la tête.