L’éternel isolement des sphères est vaincu. Plus de limite à l’avide curiosité humaine qui, déjà inquiète, parcourait la terre, comme un tigre sa cage trop étroite.
Mais, dans cet enivrement, au milieu des rêves qui voudraient devancer le temps où l’on saura, une réflexion surgit et fait peur. Ces rêves sont fondés, sur une petite lumière qui brille bien loin dans un monde où tout, sans doute, est autre qu’ici bas. Cette lumière dit bien qu’il y a quelqu’un ; mais, rien de plus. On voudrait connaître en entier, on voudrait voir, entendre et toucher ce monde mystérieux. La petite lumière n’a fait qu’irriter la soif de savoir, et la rendre intolérable. Un monde peut-il apparaître à cette lueur presque imperceptible ?
C’est ce qu’il reste à voir.
§ 8. Oui, cette petite lumière suffit à transporter tout un monde dans un autre. Dans les rhythmes de ses apparitions et de ses disparitions, peuvent s’incarner toutes les essences perceptibles et concevables. Et en cela, rien de miraculeux ni d’étrange.
Une fois le mode de numération adopté de part et d’autre, les hommes, si l’on veut, vont commencer les rapports explicites.
On ne sait transmettre que des nombres ; c’est donc avec des nombres qu’on va s’entendre. Or, cette limite étant posée, il n’y a pas deux méthodes à suivre. Il faut traduire, par un procédé géométrique simple, les figures planes convenablement choisies, en séries numériques et transmettre successivement les termes de ces séries.
Les mathématiciens connaissent plusieurs procédés graphiques, au moyen desquels une figure plane — ou même solide — est fragmentairement représentée par une série de nombres ; réciproquement ils savent traduire une série de nombres en une figure construite par points. Les différents moyens graphiques doivent donc être classés de manière à ce qu’on choisisse tout d’abord le plus simple de tous.
Si la question restait indéterminée à l’égard de quatre ou cinq de ces procédés, l’inconvénient serait minime. Ceux qui reçoivent n’auraient qu’à les essayer tous ; ils finiraient bien ainsi par trouver celui qu’ont adopté ceux qui envoient.
Pour me faire comprendre de tous, je vais montrer par un exemple familier comment des séries numériques représentent une figure plane, un dessin quelconque.
La série de nombres