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Magtelt et, lui baisant la main droite qui avait tenu l’épée : « Bénie tu es, » dit-elle, « toi qui vins sans peur et nous délivrant du charme nous mènes en paradis. »

— « Ha, » dit Magtelt, « te faut-il si loin aller, Anne-Mie ? »

Mais Anne-Mie, sans l’entendre entra pareillement aux autres Vierges dans le parfond de la forêt, et marcha dans la neige coîment comme personne vivante.

Cependant que la tête plourait et se plaignait, issit hors la forêt la fillette de neuf ans, laquelle avait été première tuée par le Méchant : portant encore son linceul, elle vint choir à genoux devant le bonhommet Prince des Pierres :

— « Ha, » dit-elle, baisant la tête bien tendrement la flattant, caressant et essuyant les larmes, « pauvre Méchant, je veux prier pour toi le Dieu Très-Bon qui entend les enfants voulentiers. »

Et la fillette pria ainsi :

— « Seigneur, voyez comme il est navré durement ! Est-ce point assez à voire revanche qu’il soit mort seize fois ? Ha, Seigneur, doux Seigneur, et vous, Madame la Vierge, qui êtes toute bonne, daignez m’ouïr et baillez lui pardon. »

Mais le bonhommet, se dressant soudain debout, repoussa la fillette et lui dit bien aigrement : « Cette