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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/181

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II.

Cependant vint sus le quai aux Oignons un certain Adriaen Slimbroek ouvrir, avec octroi du métier, nouvelle officine de forgeron. Ce Slimbroek était un laid, petit, chétif et maigre personnage, pale de face, fendu de gueule comme renard, et susnommé le Roux à cause de la couleur de son poil.

Docteur ès cabales, expert ès menées, maître ês arts de cafardise, et, soi-disant, des forgerons le plus fin, il avait intéressé à son affaire tous nobles et riches hommes de la ville, lesquels par crainte ou autrement étaient grandement amis des Espaignols et malvoulus des réformés. Ils étaient, en nombre grand, chalands de Smetse, et Slimbroek les avait fâchés contre le forgeron, disant : « Ce Smetse est gueux au fond de l’âme, il fut picoureur en son jeune temps, battant la mer avec ceux de Zélande contre l’Espaigne, au bénéfice de la religion se disant réformée : il a encore en Walchtren et notamment ès villes de Middelburg, Arnemuiden, Camp-Vecre et Vlissingen, maints parents et amis, tous enragés réformés et parlant du pape de Rome et des seigneurs archiducs sans vénération.