Aller au contenu

Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
iij
préface

près de leurs fiancés, et les fillettes en ligne sur un banc modestement. »

Ainsi encore, lorsque le cruel sire d’Halewyn déshonore et tue toutes les jeunes filles qu’il rencontre, les pères affligés, méditant de tirer vengeance de ses scélératesses, se disent entre eux : « N’est-ce point pitié de voir ainsi se perdre ès mort et déshonneur ces douces et claires fleurs de jeunesse ? »

Rabelais et Montaigne en leurs meilleurs moments n’eussent pas mieux dit. J’ajouterai même que ce dernier trait sent quelque peu son Lucrèce et son Homère.

M. De Coster a montré, dans tout le cours de son œuvre, des connaissances exactes d’histoire, de costume et d’ameublement. C’est là une science matérielle il est vrai, mais indispensable à tout poète qui veut faire revivre aujourd’hui les hommes et les choses du passé.

Indépendamment de son érudition, il a un mérite plus réel, l’intelligence morale des époques qu’il traite. Il a représenté le moyen-âge tel qu’il est, brutal, rude, mélancolique, narquois, enfant même. Il n’a pas prêté à ses personnages une seule manière de voir, un seul instinct, un seul sentiment qui ne leur fussent propres. Entrant dans leur vie intime, il les a bien aimés, bien compris, bien rendus, et là est la raison du charme et de l’originalité de son livre.

L’auteur y met en scène des types neufs. Il n’a eu pour modèles que des caractères pris dans le peuple flamand d’aujourd’hui. Jan Blaeskaek et Wantje,