Aller au contenu

Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/211

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 173 —

— « C’est bien à vous, » dit Smetse, « vous aurez le royal promis. Mais venez-vous-en avec moi, je vous vais à chacun départir l’ouvrage accoutumé ; » ce qu’il fit, et le beau bruit de marteaux battant, d’enclumes gémissant, de soufflets soufflant et de manouvriers chantant fut de rechef ouï en la forge du bon forgeron.

Entretandis, Smetse vint à sa femme et avec grande colère lui dit : « Te cuisait-il bien fort me contredire vis-à-vis ces bons hommes ! Pie enragée, ne te sauras-tu jamais taire ? N’as-tu doncques point cette nuit été admonestée amèrement assez ? Te faut-il davantage ? »

— « Mais, Smetse, » dit la femme, « je ne savais du tout que vous les aviez mandés. »

— « Ce n’était, » dit-il, « motif à toi de me réputer menteur vis-à-vis de tous mes manouvriers ; ne peux-tu parler quand j’ai fini ou te taire, ce qui est mieux ? »

— « Smetse, » dit la femme, « je ne vous vis oncques si colère ; ne me battez point, mon homme, je serai d’ores en avant muette comme ce fromage. »

— « Tu le dois, » dit Smetse.

— « Mais, mon homme, » dit-elle, « ne me pourrais-tu expliquer quelque chose de ceci ? »

— « Tantôt, » dit-il. Et il s’en fut en sa forge.