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homme, je te l’affie ; mais retourne-t’en bien vite. »

Cependant Smetse frappait toujours. « Ce ne sont point, dit-il, messes ni prières qu’il me faut, mais un abri, le manger et le boire, car âpre est le froid, aigre le vent, rude la gelée. Femme, ouvre-moi. »

Mais elle, l’ouyant ainsi parler, priait et s’écriait davantage, et elle se frappait la poitrine et se signait, mais ne songeait du tout à ouvrir, disant seulement : « T’en reva, t’en reva, mon homme, tu auras messes et prières. »

Soudain le forgeron avisa la fenêtre du grenier, laquelle était ouverte ; il entra par là en la maison, descendit l’escalier, et, ouvrant la porte, parut devant sa femme ; mais comme elle se reculait sans cesse, s’écriant et appelant les voisines à la force, Smetse ne voulut point avancer sus elle afin de ne lui point faire peur davantage, et il s’assit sus un tabouret disant :

— « Ne vois-tu assez, commère, que je suis vraiment Smetse et ne te veux nul mal ? »

Mais la femme ne voulait rien entendre et s’était mise en un coin. Là, claquetant des dents, écarquillant les yeux, elle faisait de la main signe à Smetse de s’éloigner, car elle ne pouvait plus parler, tant sa peur était grande.

— « Femme, » disait le forgeron bien amicalement,