Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/44

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
— 20 —

Le propos continuant, elles devisèrent, jacassèrent. tempêtèrent ainsi jusques à l’heure du couvre-feu, où elles se séparèrent sans avoir pris résolution, par faute d’avoir eu temps pour parler assez.

Et furent dites en cette assemblée féminine plus de 577849002 paroles inutiles, folles et pleines de sens commun comme grenouillère de vin vieux.

VIII.

Au lendemain, se réunirent de rechef les commères et burent comme la veille force eau claire.

Et s’en vinrent, armées de bâtons, au lieu où se tenaient les joyeux buveurs. Advenues que furent devant la porte, s’arrêtèrent et là fut conseil tenu, vieilles prétendant entrer avec les bâtons et jeunes n’en voulant mie.

Pieter Gans, lequel avait oreilles de lièvre, ouyant en la rue certain clapotement de paroles tempêteuses, gagna peur et s’écria : « Las, las, qu’est-ce ceci ? Diables pour sûr, mon doux Jésus ! »

— « J’y vais voir, vilain peureux, » répondit Blaeskaek. Et ouvrant la porte il s’éclaffa de rire, disant : « Bonnes Trognes, ce sont nos femmes. »