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le peuple du pôle

— Vois-tu, dis-je ensuite à Ceintras qui, le menton dans les mains, paraissait réfléchir, ce paysage me rappelle ceux que je dessinais, quand j’étais gamin, pour me distraire : dans mes peintures tout était plat et au même plan, parce que je ne savais pas les ombrer,

— Oui, répondit-il, ce n’est que par l’ombre que nous pouvons percevoir le relief. Je me souviens à présent que, tout à l’heure, nous n’avons découvert la colline que quand nous nous sommes trouvés à sa base. Nous ne distinguons dans ce paysage que les différences de couleurs et cela nous trouble… et il nous est bien difficile de nous rendre compte… Aussi, a-t-on idée de ça ? une damnée lumière qui arrive de partout !…

Encore quelques minutes de silence. Ceintras reprit :

— Il y a une impression dont je ne puis me défendre : malgré moi, en considérant ce qui nous entoure, je pense à quelque chose d’artificiel, de truqué ; cette lumière me rappelle celle que les machinistes de nos théâtres font ruisseler à flots sur certains décors de féeries… Ici aussi il doit y avoir des machinistes, disposant d’énormes forces magnétiques ou électriques, maîtres d’un fluide qui peut rendre l’air lumineux et l’échauffer jusqu’à une température clémente… Voilà ! seu-